Les cramignons
Depuis sa création en 1945, la société des Amis Unis maintient la tradition festive des sorties musicales et des Cramignons.
Cette tradition remonte à la nuit des temps, on retrouve des traces écrites mentionnant les Cramignons au XVI ème siècle dans la région liégeoise.
Mais qu’est donc le Cramignon ?
« Le cramignon est une chanson populaire de la région de Liège. C’est une chanson mais aussi une danse. Donc, une danse chantée. La chaîne des danseurs – un garçon, une fille…- forme une sorte de farandole joyeuse qui parcourt les rues de la ville, surtout les rues sinueuses, et pénètre même dans les habitations. Un homme est à la tête : c’est le meneur (li mineû). Vue d’en haut, cette chaîne donne l’impression d’un zigzag, comme la forme dentée d’une crémaillère. C’est d’ailleurs dans le vieux mot français « cramillon », en wallon « crâmâ », signifiant « crémaillère », qu’il faut trouver l’étymologie du mot « cramignon ». extrait de Recueil de Cramignons de Yvan Dailly.
Encore actuellement, les Cramignons sont dansés lors des fêtes locales, chaque village ayant ses dates de fête précises .Ainsi à Emael, les Cramignons ont toujours lieu le premier dimanche d’octobre. Mais, ils se préparent des mois auparavant, contrairement à ceux dansés par nos aïeux, qui étaient plus spontanés:un jeune homme prenait la tête du Cramignon muni d’un bouquet de fleurs des champs ou d’un bâton comme le dit la chanson en wallon liégeois« Prindez vosse baston Simon es minez ben l’cramignon» »(prenez votre bâton Simon et conduisez bien le cramignon). Maintenant,les fleurs des champs sont remplacées par des bouquets de fleurs naturelles ou artificielles aux couleurs de la société ,savamment préparés par un fleuriste (pour les Amis Unis , les couleurs sont rouge et bleu). Le meneur du Cramignon appelé Capitaine et le dernier appelé Lieutenant ont chacun un bouquet qui sera offert à leur cavalière en guise de souvenir. Ils sont affublés de l’écharpe aux couleurs de la Société des festivités .
Il est de coutume de s’arrêter boire un verre aux domiciles du lieutenant et du capitaine ainsi que chez les sympathisants, cela s’appelle les haltes et il y en aura quelques unes pendant la sortie, entre 15h et 19h le plus souvent. Donc, chaque société d’Harmonie et de Cramignon a son propre itinéraire dans le village et il arrive que les itinéraires se croisent; alors, cela donne lieu à des échanges chantés contre la Société rivale et à la gloire de sa propre Société ; ces chansons sont chantées pour la plupart en wallon liégeois et se sont transmises oralement de génération en génération.
Les participants aux Cramignons sont souvent des jeunes gens et jeunes filles célibataires qui sont recrutés dans tous les villages afin de constituer le plus long Cramignon du jour, car il existe une joyeuse rivalité entre les Sociétes.
A l’origine, les jeunes gens et jeunes filles mettaient leur plus belle tenue, la robe du dimanche ou le seul costume qu’on possédait car il fallait se montrer sous son meilleur jour.
Actuellement, les jeunes filles enfilent une robe longue qu’elles auront fait confectionner pour l’occasion et les garçons endossent un costume voire smoking.
Le mardi qui suit le premier dimanche d’octobre, ce sont les couple mariés qui dansent le Cramignon; il est de tradition que le dernier couple marié mène le Cramignon.
Le dimanche du Carnaval , le Cramignon est de sortie également. Les couples se déguisent selon leur envie : on voit alors un Cramignon bariolé arpenter les rues du village accompagné par l’Harmonie dont les musiciens sont eux aussi revêtus d’un costume coloré.
La bonne volonté de quelques uns ne suffit pas à instaurer un folklore si il n’existe pas grâce à des racines profondes : notre Cramignon est bien une institution qui fait partie intégrante de la vie des Wallons et plus particulièrement des Emaelois et Emaeloises, quel que soit leur âge ou leur statut social.
Nous avons conscience que cette tradition donne à notre village une identité, une reconnaissance et s’inscrit dans notre histoire du folklore wallon et de notre vie wallonne.
Ce maintien des traditions remet de la vie dans nos rues, auprès de nos jeunes et moins jeunes.
Le dimanche des Cramignons, les rues du village sont remplies de curieux, de sympathisants ou tout simplement de membres de la famille venus admirer leurs adolescents .
Pour les jeunes générations, le fait d’appartenir à un groupe folklorique ou autre , de perpétuer des traditions est important pour plusieurs raisons : être dépositaire de siècles de mémoire collective,agir ensemble dans un même but , être un chaînon dans la transmission.